Peuplement des lacs

Russel - Souvenirs d'un montagnard Une faible partie des lacs pyrénéens a un peuplement naturel, Ludovic Gaurier lors de ses études de 1900 à 1928 en mentionne quelques-uns (Lac de Suyen en Val d'Azun, Lac de Caillauas dans le val Louron, Espingo dans la Haute Garonne, Milieu et Bassetes dans les Camporeils, Rabassoles, Gour Nègre, Carança dans les Pyrénées Orientales)

P.Chimits, en 1936, compte environ 60 lacs pour la partie occidentale, peuplés de truites communes qu'il appelle "indigènes".

Des essais de repeuplement artificiel furent tentés en 1906 par Paul Descombes, dans le lac de Barroude (2355m) avec des truitelles arc-en-ciel et en 1908 par Arne au lac d'Arrious (vallée d'Ossau) avec des truitelles communes mais ce furent des échecs.

Des alevinages plus anciens ont certainement eu lieu par des bergers à "dos d'homme" par exemple : pierre gravée au lac d'Ayous du 27 octobre 1860 ! Ramond dans ses carnets Pyrénéens II (1792-1795) parle de truites dans la vallée de Barèges (presque toutes consommées par la population parasite* de Barèges) et du lac de Gaube comme étant très poissonneux !

A partir de 1936 fut commencé un repeuplement systématique sous l'impulsion des Eaux et Forêts (quatre piscicultures d'Etat à salmonidés se construisirent à Lées-Athas dans les Pyrénées Atlantiques, Cauterets, Argelès et Bagnères dans les Hautes Pyrénées)
Des oeufs de truite commune, truite arc en ciel, saumon de fontaine (ces deux dernières espèces d'origine américaine) et omble chevalier (origine alpine) provenant de la pisciculture domaniale de Thonon sur le lac Léman furent utlisés.

Les premiers lacs vierges peuplés par Larrieu et P.Chimits de 1936 à 1939 furent ceux de la vallée de Campan (Gréziolles, Caderolles) de Barèges (Oncet, Bleu, Dets Coubous) de Cauterets (Ilhéou), d'Ossau et d'Aspe (Isabe, Artouste, Montagnon d'Iseye)
P.Chimits signale que ces poissons se sont fort bien reproduits et maintenus (saumon de fontaine au lac d'Oncet, omble chevalier au lac d'Isabe par exemple)
Interrompus pendant la guerre, les alevinages ne reprirent qu'en 1950 avec la remise en état de la pisciculture de Cauterets où à partir de 1952 fut introduit pour la première fois dans les Pyrénées le Cristivomer namaycush d'origine canadienne.
250 lacs environ des Pyrénées Occidentales furent peuplés, peuplement qui s'est entretenu naturellement et qui a été entretenu par alevinage de façon constante par le Parc National des Pyrén de pêche de nos jours, l'alevinage se faisant de plus en plus par l'hélicoptère ...

Pour les résultats !

La truite commune ou fario se développe et se reproduit naturellement jusqu'à 2200 m environ.

La truite arc en ciel vit jusqu'à cette même altitude mais ne se reproduit qu'exceptionnellement (P.Chimits cite en 1960 le lac d'Ilhéou à Cauterets et le lac de L'Ours dans le Néouvielle mais il me semble qu'il n'y a pas eu de suites), dans les Pyrénées Orientales il y a une exception dans le massif du Carlit ( lac des Bouillouses et du Lanoux)

Le saumon de fontaine peut vivre jusqu'a 2500 m, se dévellope souvent plus rapidement que la truite fario dans le milieu pauvre des lacs de haute altitude mais ne se reproduit que rarement.

L'omble chevalier peut vivre jusqu'à 2400 m ou 2500 m et se reproduit abondamment même dans des lacs peu profonds mais on arrive en quelques années à des populations trop nombreuses et de petite taille (nanisme), ce qui a été à l'originede l'introduction du cristivomer.

Le cristivomer vit et prospère jusqu'a 2500 m et au delà, se reproduit fort bien et des captures de poissons de 7 à 8 kg ont été réalisées dans les Pyrénées. Inconvénient, ce poisson vorace s'attaque aux ombles chevaliers mais aussi aux autres espèces et à ses congénères. Il détient le record d'altitude des poissons pyrénéens à plus de 2600 m .

L'introduction d'espèces nouvelles n'a pas été sans conséquence pour la faune, les lacs du vallon d'Estiberre (voir réglementation 65) dans le Néouvielle ne sont pas alevinés pour préserver leur état ancien et la pêche y est interdite.

Dans le Parc National, depuis quelques années un certains nombres de petits lacs ne sont plus alevinés pour en préserver leur faune.

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* "population parasite": désignait certainement ceux qui, à cette époque déjà, allaient prendre les eaux aux thermes de Barèges. Il s'agissait souvent d'anciens soldats blessés ou convalescents. C'était les ancêtres des touristes !
Le terme peut désigner également la population pauvre de Barèges.