La Carançà

La Carança (ou Carançà) est une rivière de montagne des Pyrénées-Orientales, formée par la réunion de trois torrents (La Carançà, le torrent de la Coma Mitjana et torrent de la Coma de Bassibès) qui confluent en amont d'une gorge profonde et très étroite débouchant sur la rive droite du fleuve Têt. Elle s’étend sur environ 15 km, avec un dénivelé de 1700 m, et prend sa source dans plusieurs cirques glaciaires d’altitude, parsemés de lacs comme l’estany de Carançà (2264 m), l’estany Blau, l’estany Negre, et d’autres petits étangs.
Sa vallée, très encaissée et sauvage, est célèbre pour les gorges de la Carança, un canyon spectaculaire creusé dans le calcaire, avec des parois rocheuses pouvant atteindre près de 1000 m de hauteur. La vallée est difficile d’accès, hormis par les gorges ou par des cols d’altitude sans route, ce qui en fait un site très préservé, apprécié des randonneurs et des pêcheurs.

Le réseau hydrographique de la Carançà a été étudié par Ludovic GAURIER (1875-1931):

"Les gorges sont creusées dans le calcaire, mais tout le bassin supérieur est dans le Gneiss; ce qui explique la brusque rupture de pente de cette vallée vers la cote 1500 m, juste à l'origine des gorges."

"L'enceinte de ce bassin hydrographique est fermée par des pics très redressés, dépassant tous l'altitude 2700 m. Les plus élevés sont même supérieur à 2800 m : pics de la Vache (2812 m et 2830 m); pic de l'Enfer (2870 m); pic du Géant (2881 m). Le sol imperméable des hautes pentes fait ruisseler immédiatement les eaux vers les lacs des trois hautes vallées, mais ces cuvettes sont sans importance: lac de Bassibès dans la Coume de Bassibès, Gour de la Coume Mixane, Gour de l'Enfer. De même, les lacs supérieurs du bassin proprement dit de Carança sont insignifiants."

"L'étang Bleu supérieur est situé vers 2570 m, juste sous les escarpements du pic oriental de la Vache. Il est au fond d'un entonnoir d'éboulis, et ne dépasse pas 3 m de profondeur. Sa seule particularité intéressante est d'avoir un émissaire souterrain dans la mince digue de calcaire marmoréen qui le barre au nord-est. Mais cette eau reparaît plus bas, et rejoint l'émissaire de l'étang Noir, avant de se jeter dans le grand étang de la Carança."
"L'étang Noir est sans bassin versant, graduellement comblé par les éboulis du versant ouest du pic de l'Enfer. Il est envahi par une innombrable colonie de limnées."
"L'Estany de la Carançà (ou grand étang de Carançà) est le seul important. Profondément encaissé au pied d'une falaise de gneiss, il présente aussi la roche en place sur la rive nord, à gauche du deversoir; mais à droite de celui-ci, des éboulis masquent la roche vive dont la présence se révèle toutefois. On pourrait donc surélever le niveau des eaux, sans avoir à craindre des fuites, il est à 2266m et nourrit des truites."

"Un peu en aval, se rencontre l'étang Bleu inférieur de la Carança (ou estany Blau), simple élargissement du torrent, en partie comblé par un marécage.
Plus bas, à 2230 m s'étale le plateau de Labasse que la carte d'Etat-Major figure à tort comme un lac. Il serait possible de le barrer à l'aval, où un verrou rocheux s'avance au-devant d'une colline d'éboulis. Mais le meilleur endroit pour créer un réservoir serait le plateau de la Jasse de Carança (1814 m), où se rassemblent les trois torrents de Carança, de la Coume Maxiane et de Bassibès.
Les lacs de Carança sont trop élevés pour être facilement accessibles à des bêtes chargées. On peut cependant y parvenir par le sentier forestier partant de Thuès-les Bains, sur la rive droite du torrent, ou par la vallée de Balaguer qui offre un sentier très rude, mais praticable, qui passe par le col de Mitja avant de redescendre à la Jasse de Carançà."

Estany de Carançà
Les estanys de Carançà: au premier plan l'étang bleu, à droite l'étang noir avec une laquette au dessus, plus loin on distingue un bout du grand étang de la Carançà avec sa première laquette en dessous. (photo Thierry Nogué)

gorges de la Carançà
Les gorges de la Carançà. (photo Cédric Géa) - Pic de l'Infern 2860m.

Ludovic GAURIER (1875-1931) était chargé de mission des ministères des Travaux Publics et de l'Agriculture. Ses missions ayant pour objet la connaissance:
  - de données météorologiques;
  - de l'enneigement et des variations des glaciers;
  - de l'alimentation, de la topographie et de la géologie des lacs;
  - des projets de barrages pour les transformer en réservoirs de "houille blanche", pour la force motrice, l'électrification de la Compagnie du Midi, l'irrigation, etc...