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20 aou 2005 - 03:41 | Encore une nouvelle espèce des pyrénées |
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A la demande générale de Lilou, voici une autre tirade.
Un petit ruisseau dont je tairais le nom tellement c’est triste, a fait l’objet d’une réintroduction de ma part en farios pêchées dans un torrent non loin de là. Je dis réintroduction car de joyaux locaux avaient tout détruit au javel il y a 15 ans. J’y travaille depuis maintenant 4 ans. Je sais que c’est interdit, et que tout poisson introduit dans dans un cours ou plan d’eau vierge doit provenir d’une pisciculture agrée. Je n’ai pas attendu après l’inertie de messieurs les décideurs…
J’ai donc mis environ 50 farios maillées la première année, 25 la 2eme et 15 la 3eme. Pourquoi 50 puis 25 puis 15, me direz vous ? parce que c’est pas évident en 3 semaines de vacances de prendre 50 farios maillées dans le même torrent, parce qu’il ne faut pas les blesser, les transporter…et je voulais être sur de la souche.
Parce que dès la 2ème année, les 50 premières avaient frayé, donc petit coup de pouce.
A la 3ème le résultat était super. Quelques coups de ligne, beaucoup de truitelles de 12 cm pour un ruisseau de 2,5km de long et 1 m maxi de large. Des farios comme la jolie photo de pahu.. Les + grosses atteignaient 25cm.
Nous voici donc à la 4ème année. Fin mai, après la fonte, je remonte les 2,5 km au toc à la mouche. J’ai pris soin de compter. 45 farios maillées en 3 heures ! Hourrah ! Une bonne vingtaine de caguées et décrochées. Autant en truitelles !
Oh, je n’ai pas grand mérite, la nature à tout fait et bien fait. Tellement content, j’y retourne la semaine suivante, et volontairement je repêche à la mouche par un vent du nord et une journée fraîche et brumeuse, bref le contraire de ce qu’il faut faire. Et bien, en une heure, 2 touches et une prise pas maillée. J’enfile alors un petit terreau et boum ! Touche sur touche. Tout va bien, c’est bien des farios !
Seulement voilà, encore une nouvelle espèce introduite dans les Pyrénées par la civilisation. « Le Marcel propriétaire ».
Cette espèce est aussi à connaître. Elle fait actuellement partie du paysage. Elle rachète à bas prix les ruines des anciens moulins ou anciennes bâtisses. Comme elle migre dans les montagnes 15 jours max par an, elle n’a pas le temps de construire son nid comme les cigognes. Donc elle campe en utilisant (accrochée au murs avec des ficelles) une grande bâche au dessus de sa tête car elle craint la pluie.
Cette espèce est très féconde et joueuse. Elle aime les enfants (elle a raison) et aime jouer au ballon avec eux dans l’eau, comme l’otarie, c’est pour cela qu’un ruisseau de 50 cm de profondeur ne lui convient pas. Il lui faut au moins 1m . Etant bizarrement incapable de fabriquer un toit mais capable de commander une piscine, elle est intelligente car elle a compris qu’il faut de l’eau pour la remplir. Comme la cigale, se trouvant fort dépourvue elle alla crier famine chez la rigole sa voisine lui demandant pour subsister un peu d’eau pour la sustenter…
Cette espèce est aussi proche de nos chers sangliers. Elle remue la terre non pas avec son groin, mais avec une pelle et une pioche et sur plusieurs dizaines de mètres.
Elle doit être apparentée avec le castor car elle abat sauvagement les arbres pour les placer en travers du cours d’eau.
Vous l’avez tous compris, le « Le Marcel propriétaire » bouche le ruisseau, et le dévie pour remplir sa piscine. Mais comme la linotte, il n’a pas de mémoire et oublie de déboucher le ruisseau.
Le raton-laveur est son cousin proche, avec la différence qu’il ne connaît pas la lessive. Donc « Le Marcel propriétaire » qui connaît le linge aussi bien que le vers à soie le lave avec celui de ses gamins avec le surplus d’eau récupérée dans un vieux lavoir quand la piscine a été remplie. Pour respecter le principe des vases communiquant, le tout revient en aval dans le ruisseau,
Vous devinez le résultat…Il ne reste que 400m où les farios ont subsistées.
J’ai prévenu la gendarmerie, et le jour où ils se sont déplacés, cette espèce respectant les lois implacables de sa nature avait déjà migrée vers d’autres cieux, comme la cigogne…elle ne reviendra jamais à ce nid car j’ai appris que, comme le renard, il y a eu une grosse entourloupe avec l’ancien proprio qui croyait toucher de l’argent, et qui c’est fait bananer comme le singe par cette espèce actuellement pas solvable.
Amis pêcheurs et chasseurs amoureux de la montagne, ne la pêchez pas, ne la chassez pas, ne l'invectivez pas car elle est procédurière (elle n'a que ça à foutre). Elle sait qu'elle est protégée par une fédération très puissante, notre société.
Mais tant-pis, je ne suis pas découragé, il reste un peu de temps avant la fermeture, et je continuerai, pour que qqes pêcheurs dont moi-même puissions prendre de temps en temps 3 ou 4 farios, et surtout pour que la vie n’abandonne plus ce ruisseau.
_________________ Jeff
Dame fario : Si tu ne finis pas dans les temps, tu finiras dans le lac.
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