matt65 a écrit:
J'aimerai avoir la chance de pouvoir y assister un jour .
Tu as raison, c'est un pestacleu à ne pas manquer.
Tu es au bord d'un étang, bien peinard, allongé sur le gispet avec les arpions en éventail... tu observes de l'autre coté une chevrée d'isards, juste au dessus d'une barre rocheuse surplombant l'étang. C'est magnifique !
Certes, tu en as bien chié pour y monter, quasiment 5 heures avec tout ton barouf de plus de 20 kg sur le râble. Mais bon, les quelques jaunes que tu vas te mettre par le museau, tu les as mérités, et tu vas les apprécier !
Quel calme, c'est apaisant... au loin un bruit d'avion... au loin... ben nan, on dirait plutôt un hélico. Le bruit se rapproche, de plus en plus. Ce n'est plus du bruit à présent, c'est carrément du vacarme. L'hélico stagne au dessus de ta guitoune, car il veut se poser sur le seul endroit un peu plat au bord du lac, évidemment là où tu t’es planté.
Ça y est, il descend, et vient s'emplâtrer à 20 mètres de toi, dans un boucan d’enfer. Ton godet de jaune, en équilibre instable, est allé abreuver les fourmis, qui seront donc bourrées bien avant toi. C’est là que tu te rends compte que tu as bien fait de mettre quelques sardines et haubans à ta guitoune, sinon, elle serait allé rejoindre ton béret, c'est-à-dire au milieu du lac. Tes mains sont plaquées sur tes oreilles, ou plutôt ce qu’il en reste. Tu te rappelles qu’il y a plus de 30 piges, tu étais allé au Gaumont voir « Apocalypse now. » Et bien, tu y es. Les Viets attaquent, et tu vas te faire détroncher.
Un improbable descend de l’hélico, te dit ni bonjour ni merde, et court, équipé de la capote anglaise usagée du géant vert en direction du lac. Caganis, maintenant c’est ton tapis de sol qui est allé s’escagasser non pas dans le lac, fort heureusement, mais 50 mètres plus bas, dans un farnat innommable d’éboulis et de rhododendrons.
Notre improbable, toujours muet, (tu me diras, toi tu es devenu sourd) court à nouveau vers l’hélicoptère. Celui-ci décolle, dans un boucan du tonnerre de dieu, tellement ça résonne dans cette cuvette. Il passe la ligne de crête, le bruit diminue, tu peux virer tes mains.
Il ne te reste plus qu’à ramasser tout ton merdier éparpillé aux quatre points cardinaux de ta tente.
Puis tu vas au bord du lac, et tu observes. Quelques dizaines d’alevins flottent avec la quille en l’air, z’ont pas compris ce qu’il leur arrivait, ceux là… d’autres nagent tant bien que mal, complètement pommés dans ce milieu qu’ils ne connaissent pas. C’est beau, la nature ! Tu essayes de voir, car c’est la surprise du chef, si c’est des farios, des sdf, des oc, des arc, des maquereaux… pas évident !
Et c’est là que tu te dis : Mais bourdel de dieu de marde, où faudra t-il que j’aille pour qu’on me foute la paix ? Sur la lune ? Mais je risquerais encore de me prendre une navette dans la tronche…
Voilà ce que c’est, un alevinage. Et c'est du vécu. Merci Saint Pierre, quelle chance j'ai pu avoir !
Dernière modification par JFB: 23 juil 2015 - 22:02_________________
Jeff
Dame fario : Si tu ne finis pas dans les temps, tu finiras dans le lac.