L'idée est bien sûr très louable.
Mais comme biofario le dit, encore faut-il qu'elle soit viable, c'est à dire rentable.
Pour moi, bio ne veut rien dire. Ou plutôt si, j'appellerais ça du naturel.
Il faut donc que les truites vivent comme dans leur milieu à l'état sauvage, ou du moins s'en rapprocher le plus possible. Et c'est bien là que les choses se gâtent...
Se rapprocher de cet état demande des efforts considérables, un investissement en temps (et en argent)terrible.
500kg/an n'est pas viable, à moins de vendre le kilo à un prix très élevé, mais déjà le vendre à qui ?
Il faut une eau de très bonne qualité.
Il faut du courant pour l'oxygène, sinon, gros problèmes l'été.
Il faut pouvoir arriver non pas à nourrir les farios avec une pelle et des granulés, mais arriver à faire en sorte qu'elles se nourrissent quasiment toutes seules, tout du moins avec les mêmes aliments naturels qu'elle trouverait dans son milieu naturel, la rivière.
Il faut bien sûr protéger le tout, afin d'éviter que des viandarts se servent (je sais de quoi je parle, hélas.)
A l'état sauvage, tel milieu ne peut accueillir qu'un nombre limité en truites, car une rivière ne peut donner que ce qu'elle a !
Toujours à l'état sauvage, il faut 3 ans pour qu'une truite puisse se reproduire, suivant les milieux entre 18 et 25 cm, pour un poids de l'ordre de 100 à 250 gr.
Il faudra aussi s'occuper de la reproduction. Je suppose qu'elle ne se fera pas dans la nature (il s'agit toujours d'une pisciculture) mais il faut tout de même des géniteurs irréprochables. Et pour qu'ils le soient, il faut qu'eux aussi vivent dans un milieu naturel, et non pas dans une bassine.
Nous savons que dans nos cours d'eau, les rivières pauvres ont un rendement de 1 à 4 kg au 1/10eme d'hectare, (1km de longueur pour 1m de large)4 à 7 kg pour les rivières moyennes, et 7 à 10kg pour les rivières riches. (sources études du professeur Léger à Grenoble dans les années 30).
En supposant que le milieu soit riche, avec 10kg pour 1/10eme d'hectare, cela nous donne pour 500kg une pisciculture de 5 ha ! Soit une rivière de 10m de large pour 5km de long ! Du moins pour des conditions naturelles.
Lorsque l'on sait qu'une pisciculture dont la production parvenant à 10 tonnes arrive à faire vivre une famille, (au prix du kg actuel de fario), on mesure la difficulté de la chose...
Mais à coeur vaillant, rien d'impossible ! Dixit Richard Camembert. Mais je doute que le coeur de lion ne connaissait pas la fario...
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Jeff
Dame fario : Si tu ne finis pas dans les temps, tu finiras dans le lac.