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ARIÈGE. DEUX BLESSÉS SEULEMENT, HIER, DANS LE CRASH D''UN AVION DE TOURISME PARTI DE TOULOUSE.

Les miraculés de Montségur



Les Pyrénées ariégeoises sont-elles dangereuses pour les pilotes d'avion ? C'est la question que l'on peut se poser après le nouvel accident d'un monomoteur qui s'est crashé, hier en milieu de journée à proximité de la station des Monts-d'Olmes. Un troisième crash qui vient s'ajouter à celui d'un appareil militaire au-dessus de Vicdessos il y a trois ans et la chute d'un avion de tourisme près de Siguer, au mois d'octobre dernier (1).

Hier, par miracle, il n'y a eu que des blessés. C'est un appareil de type DR 400 parti à 10 h 46 pour un vol local de l'aéro-club de Toulouse -Lasbordes avec quatre personnes à bord qui s'est écrasé à proximité de l'étang de la Grenouillère, près du lieu-dit « La jasse du prat Mau » dans le massif de Tabe, à 1 605 mètres d'altitude environ au nord des carrières de Luzenac et à quelques kilomètres au sud-est de la station de ski. C'est le pilote qui a lui-même appelé à l'aide.

Les secours étaient immédiatement envoyés, et un hélicoptère de la sécurité civile, Dragon 66, se rendant sur zone. Le plan Sater était déclenché, mobilisant les services de la gendarmerie, du service départemental d'incendie et de secours et de l'ADRASEC (Association des radioamateurs au service de la sécurité civile) dans le cadre du centre opérationnel départemental à la préfecture de Foix.

L'hélicoptère s'est posé à 12 h 58 auprès de l'avion accidenté, repéré grâce aux coordonnées géographiques du téléphone portable du pilote et de la balise de secours.

Les quatre occupants se trouvaient sur place et s'étaient extraits d'eux-même de l'appareil.

Le pilote âgé de 37 ans, polyfracturé, était le plus grièvement atteint. L'un des passagers, un homme de 28 ans, était également blessé mais mobile alors qu'une femme de 23 ans et un enfant de 3 ans, bien que très choqués, étaient indemnes.

Ces trois derniers passagers ont été évacués par hélicoptère vers le centre de secours de Vèbre par deux véhicules VSAB des pompiers qui les ont transférés au centre hospitalier du Val-d'Ariège.

Le pilote a été dirigé quant à lui vers l'hôpital Rangueil à Toulouse.

Une enquête est en cours pour déterminer les causes de l'accident.

(1) Le 8 octobre 2006, un dimanche déjà, un petit avion de tourisme s'écrasait au-dessus de l'étang de Gnioure près du pic de l'Aspre dans la vallée du Vicdessos. Les trois passagers, dont le maire de Siguer et son épouse, ainsi que le pilote ont été blessés dans l'accident.

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PYRÉNÉES. LE CRASH SURVENU DIMANCHE LE PROUVE UNE NOUVELLE FOIS : PILOTER EN MONTAGNE EST DANGEREUX, SURTOUT SANS EXPÉRIENCE. EN DIX ANS, SEIZE PERSONNES ONT ÉTÉ TUÉES , NOTAMMENT EN ARIÈGE.

Pour les avions, ces vallées sont des pièges



Vous retrouverez l'infographie Les accidents aériens dans la région ces dernières années en téléchargement sur l'édition de la Dépêche du Midi du jour au format éléctronique (PDF) en savoir plus

Les Pyrénées sont-elles maudites pour les pilotes ? C'est la question qu'on peut se poser après les crashs qui se sont succédé ces dernières années et ont totalisé seize morts.

Il est vrai que la chaîne pyrénéenne cumule tous les handicaps, surtout pour les pilotes inexpérimentés qui se lancent dans une aventure souvent périlleuse : la dégradation rapide des conditions météo avec les orages et le peu de visibilité, les phénomènes d'aérologie avec les effets de rabattants, la faible densité de l'air en altitude qui fait perdre de la puissance aux petits moteurs des coucous, surtout s'il y a plusieurs personnes à bord… Autant de pièges qui peuvent inexorablement se refermer sur le pilote non aguerri. Les conseils des instructeurs dispensés lors des cours théoriques ne suffisent visiblement pas à vaincre la hardiesse inconsciente de quelques-uns. Le pilotage en montagne exige une qualification particulière à laquelle ne sont pas soumis les aéro-clubs. « Certains pilotes prennent trop de risques. Il y a des erreurs flagrantes de pilotage, d'estimation des dangers. On a beau le dire, les consignes ne sont pas toujours respectées », déplore Claude Monasté, instructeur en Ariège.

La première règle, très claire, est de garder de l'altitude (un petit avion peut voler jusqu'à 4 000 m). S'il y a un incident, l'appareil pourra regagner la plaine ou viser le premier champ. En montagne, il faut plus que jamais penser à l'éventuelle panne de moteur. « Et surtout, ne jamais s'engouffrer dans une vallée considérée comme un cul-de-sac » ajoute Claude Monasté qui donne aussi des cours de voltige. Il faut toujours aborder la montagne avec humilité. Les pilotes d'hélicoptères et d'avions militaires le savent qui ont payé un lourd tribut ces dernières années dans les Pyrénées.

En décembre 2003, un Casa CN-235 s'était écrasé dans le Vicdessos lors d'un vol d'entraînement. Bilan : sept morts. Les vents rabattants l'avaient empêché de franchir le col et l'avaient projeté contre la montagne.

TRAUMATISMES
Heureusement, les crashs de petits avions coûtent rarement la vie des passagers. Ces appareils ne dépassent pas les 200 km/h et leur chute est parfois amortie par les arbres. Depuis le début 2006, la DAC Sud a répertorié en Midi-Pyrénées et dans le Limousin pas moins de 51 accidents qui ont occasionné seulement quatre blessés. Concordance des temps, pas plus tard que vendredi, l'Aviation civile organisait un séminaire sur le vol en montagne…

Reste que ces accidents sont toujours traumatisants. Le maire de Siguer, une des victimes impliquées dans le crash d'un avion de tourisme, en octobre 2006, dans le Vicdessos, a préféré quitter la vie publique. Aux commandes de l'avion, un jeune Appaméen de 21 ans a eu le pied amputé et a fait une croix définitive sur sa carrière de pilote d'Air France.

L'EFFET DES VENTS
« Le danger intervient lorsque le relief monte plus vite que l'avion, surtout s'il vole trop bas. Dans ce cas, il n'a plus assez de puissance pour accélérer. Et plus on remonte la vallée, plus celle-ci devient étroite. Il est impossible alors d'effectuer un demi-tour ou d'amorcer un virage », rappelle Bernard Fonta, le mécanicien de l'aéro-club de Pamiers. Sans parler de l'effet des vents. « Dimanche, par exemple, soufflait un vent de sud provenant d'Espagne. Dans un tel cas, si l'avion tombe sur un rabattant, il va très vite perdre mille pieds. Comme s'il était collé au sol », explique Jean-François Brachotte, le PDG de la société Map Aéro qui est aussi un pilote chevronné.

Faudra-t-il interdire un jour le survol des Pyrénées sans formation spéciale? C'est fort possible.

Jean-Marie Decorse