j'ai recherché les actions sur l'ELORN en faveur du saumon.
Ce qui est certain, c'est qu'à partir de 1970, le nombre de prises déclarées a chuté verticalement pour passer d'environ 400 (600 en 1966) par an à moins de 20 en 1976 !
Là, révolution
les gars du coin (j'étais à Lorient à l'époque et ils ont fait du bruit
saumons crevés dans le bureau des maires des communes, manifestations, actions en justice, communication à bloc
Il a même fallu en premier convaincre feu le CSP que l'Elorn était bien une rivière à saumons
Trois axes de travaux ont été lancés :
1. améliorer la qualité de l'eau (abattoirs, tanneries, laiteries, porcheries, piscicultures... tout allait à l'Elorn
les affluents où le saumon pouvait frayer étaient parfois eux aussi dans un triste état. Les frayères de la Dour Kam, du Quillivaron, du Justicous, et du Forestic étaient improductives !
2. aménager ou supprimer les nombreux barrages qui bloquaient la migration ou la retardaient (la moitié des grands migrateurs étaient pêchés au pied d'un seul ouvrage, le barrage de Kerigeant !) ;
3. entretenir les ruisseaux affluents envahis par les embâcles, envasés, où la lumière passait faiblement ;
4. lancement d'un programme de remise en valeur qui est passé par du repeuplement car le milieu ne produisait plus assez de juvéniles pour assurer la survie de l'espèce, la création de deux ruisseaux pépinières, le Dour Ar Men Glaz (ruisseau de la pierre bleue en français) et le Saint-Jean);
5. l'instauration de règles nouvelles révolutionnaires à l'époque comme interdire la pêche du saumon sur le tiers supérieur de l'Elorn ainsi que les mardis, jeudis et vendredis (je vous raconte pas le bordel à l'époque !).
Le repeuplement comprenait des oeufs sous gravier. Une compétition entre individus a été relevée. Le rendement entre les années 75 et 76 n'était pas terrible :
- sur le Dour Ar Men glaz : 0, 45 % à 0, 90 % sur 40.000 (75) et 11.000 (76) oeufs vésiculés ;
- sur le Saint-Jean : 1,89 % sur 15.000 oeufs (75 et 76).
Les poissons étaient libres de dévaler et ne s'en sont pas privés, donc le rendement réel était certainement bien supérieur.
Bien que les secteurs concernés aient été vidés des truites fario et des anguilles par pêche électrique, ces espèces ont recolonisé les secteurs et ont été retrouvés dans les pêches électriques de comptage ainsi que des tacons sauvages sur le Saint-Jean.
Il y eu même à l'époque (75 et 76)une expérience d'élevage en pisciculture au Quinquis avec des saumons de la Tay (Ecosse) car le stock de géniteurs de souche Elorn était critique. Ils ont servi à tester le repeuplement par pisciculture (40, 7 % de survie entre l'oeuf et un poids de 0,48 g et 2, 33 g au moment du changement de bassins).
6 % des poissons sont devenus smolts en un an ((12 à 36 g), les autres poissons pesaient entre 4 et 10 g et ont pu dévaler l'année suivante...
Un dispositif de comptage a été mis en place (piège manuel). Il a été remplacé aujourd'hui par un système de vidéo comptage moins traumatisant car tous les poissons étaient manipulés.
Aujourd'hui, bon an mal an, entre 700 et 1000 saumons adultes remontent chaque année l'Elorn malgré une production de tacons en augmentation, le nombre ne décolle pas !
Il y a de moins ne moins de saumons de printemps (plus de 70 cm, plusieurs hivers en mer) et de plus en plus de castillons ( un hiver de mer). Les premiers sont toujours très "mordeurs" en début de saison et les seconds, très nombreux en fin de saison, parfois très difficiles à prendre.
Dans les conclusions des travaux, la suppressions de barrages et l'entretien des rives a été aussi, profitable à la truite fario.
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On a les poissons qu'on mérite...