Cela a été bien dit : les eaux issues des fontes des glaciers de la Maladetta se perdent dans le Forau dels Aigualuts (Aragon) et ressurgissent au Goueil de Jouéou dans le Val d'Aran (résurgence impressionnante alimentée également par d'autres pertes). On doit à Norbert Casteret d'avoir prouvé cela dans les années 30, alors que de nombreuses tentatives avaient été faites dès le XIXe siècle.
C'est une des sources de la Garonne. La source officielle est au Pla de Beret au-dessus de Baqueira, à quelques dizaines de mètres de la source de la Noguera-Pallaresa, rivière affluente du Sègre, qui termine son cours dans la Méditerranée. L'Estanh de Liat (derrière le Crabère et Serre-Haute) est aussi une des sources de la Garonne, celle qui donnerait au fleuve sa plus grande longueur. Et bien entendu les eaux des Estanh de Rius, Tort, de Mar, etc. ainsi que celles des nombreux lacs des cirques de Colomèrs et de Saboredo viennent également alimenter la Garonne. Au passage, ce sont autant de lieux magiques... Un berceau de rêve pour la Garonne !
Pour en revenir au "Trou du Toro", Phil en a très exactement rappelé l'origine, touristique. Renaud de Bellefon dans son excellente (et très digeste) thèse
Histoire des guides de haute montagne. Alpes-Pyrénées, (Toulouse/Pau, Milan/
Cairn, 2003), rapporte l'historique du nom de Trou du Toro réalisé en fin de XIXe siècle par Emile Belloc.
Ce seraient les guides de Luchon (puisque c'est de cette station que se faisait la visite des "Monts Maudits") qui auraient ainsi renommé l'imposante perte du Plan des Etangs.
Vers 1843, quatre Luchonnais essayèrent de descendre dans un gouffre appelé "Agujero deth Horo" ou "de Toro" (vraisemblablement celui qui se trouve a proximité de l'Estanh deth Horo), croyant à la présence d'or au fond - mythe très fréquent. Ils n'y parvinrent pas mais de nombreux touristes leur demandèrent ensuite d'y aller. Ce gouffre était très éloigné de Luchon, 10 à 15 heures de trajet étaient nécessaires... Les guides eurent ainsi l'idée de renommer "Trou du Toro" le gouffre du Plan des Etangs, bien plus proche et accessible sans descendre de cheval depuis Luchon via le
Port de Venasque...
Le nom de Trou du Toro a ainsi été repris par tous, côté français seulement. En Espagne, ce nom de Trou du Toro reste inconnu, une carte actuelle du Val d'Aran ou de l'Aragon suffit pour s'en convaincre.
C'est un fait rare que des "autochtones" aient été à l'origine d'une réinterpétation à des fins touristiques de leurs montagnes, ceci ayant principalement été le fait des associations alpinistiques comme le CAF et des pyrénéistes.
Dernière modification par Veust: 30 déc 2011 - 14:05