Un extrait page 19
Citation :
Or, que ce soit sur les sites avec gravier, favorables aux salmonidés et aux euproctes, ou bien sur les 106 sites de l’échantillon total, les facteurs présence de salmonidés, de truite ou de saumon ne semblent pas être impliqués dans le déterminisme de la répartition de l’euprocte. Aucune analyse ne nous a permis de mettre en évidence une quelconque corrélation entre la présence/absence d’euproctes et la présence/absence de saumon de fontaine.
Cependant, sur l’ensemble des sites présentant du gravier, un test du khi² permet de déceler l’existence d’une exclusion de saumon de fontaine et euprocte (Chi² (dl=1) =4,03 ; p=0,0448) : les deux espèces co-habitent à une fréquence significativement inférieure à celle qui serait prédite par le hasard. Autrement dit, les deux espèces co-habitent très rarement mais, encore une fois, cette exclusion apparente n’éclaire pas sur les processus en cause qui conduisent à cette observation. Les modèles d’habitats décrits semblent plutôt attribuer les différences observées de distribution à des facteurs de substrat et de dénivellé qu’à une réelle interaction inter-spécifique, sans là non plus en apporter la preuve.
la Conclusion page 22
Citation :
Aucun impact négatif du saumon de fontaine sur l’euprocte n’a pu être mis en évidence de façon fiable sur la RNCFS d’Orlu. A l’échelle du paysage et d’un réseau hydrographique, et en dépît d’un relatif chevauchement des préférences d’habitat, des situations d’allopatrie sont clairement observées (les populations d’euproctes se situent sur des zones d’absence complète ou quasicomplète de saumon de fontaine) sans qu’il soit possible de distinguer entre un effet du hasard
ou d’une réelle interaction négative entre les deux espèces. De manière générale, cette question aurait pû être tranchée, comme escompté au cours de ce travail, si les populations d’euproctes avaient été plus fréquentes sur la RNCFS d’Orlu. Il s’avère, et c’est un apport concret du présent travail, que seule une manipulation expérimentale permettra de répondre à cette question et de comprendre si la répartition actuellement observée des deux espèces sur la RNCFS d’Orlu résulte du hasard ou d’une interaction passée ou peut-être encore en cours entre les deux espèces. A cet égard, l’alevinage relativement cryptique des salmonidés sur la RNCFS d’Orlu constitue au moins une lacune majeure de communication entre les acteurs concernés, sinon, une menace pour les autres amphibiens se reproduisant sur la RNCFS pour lesquels il est clairement établi par les connaissances scientifiques disponibles que les introductions de salmonidés représentent une menace majeure (Hecnar & M'Closkey, 1997 ; Knapp & Matthews 2000).
Cette activité d’alevinage doit être examinée à la lumière des objectifs du programme Natura 2000 qui concerne la RNCFS d’Orlu.
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"Combien y a-t-il de lacs dans les Pyrénées? Qui les a tous vus ?" H. RUSSELL