Je vais encore vous saouler
En France, on connaît une dizaine d’espèces de LYCOPODES et SÉLAGINELLES qu’on rencontre parfois en montagne.
On doit les considérer avec respect vu leur grand âge !
Mais commençons par le début en plantant le décor :
Le CARBONIFÈRE, (à la louche, il y a 300 millions d’années !).
Les Arthropodes existent depuis le double (-600 millions d’années), et c’est au Carbonifère qu’apparaissent les insectes ailés et les arachnides.
Dans l’eau, outre les invertébrés, on rencontre des vertébrés sans mâchoire : les "agnathes" (ancêtres de nos lamproies actuelles), puis des poissons plus évolués, avec une mâchoire !
Certains amphibiens (ancêtres de nos tritons, salamandres et grenouilles), commencent timidement à sortir de l’eau à l’âge adulte, mais leurs larves possèdent encore des branchies et ont une vie aquatique.
Les premiers reptiles terrestres colonisent des milieux moins humides. Leurs larves ont perdu les branchies, et le développement embryonnaire se déroule entièrement dans l’œuf.
On ne parle pas encore de Dinosaures, quant aux premiers "essais" des Mammifères, il faudra attendre encore 100 millions d’années !
Le paysage ressemble un peu à la mangrove actuelle.
Il existe depuis longtemps des algues, des champignons et des mousses.
Depuis le Dévonien, on trouve des plantes plus évoluées (les "cryptogames vasculaires" pour les intimes) qui possèdent des racines et des vaisseaux conducteurs de sève, comme par exemple les Fougères. Ce sont les inventions "high tech" de l’époque qui permettent à ces plantes de fabriquer une tige rigide et de se dresser à la verticale. Ces végétaux étaient à leur maximum de diversité et couvraient de vastes zones. Ils atteignaient des tailles plus que respectables !
Les végétaux à fleur (les "phanérogames") apparaissent timidement, mais ce n’est que plus tard qu’ils supplanteront les cryptogames vasculaires.
En se fossilisant, les débris de ces forêts ont donné le charbon (d’où le nom de l’époque géologique : Carbonifère).
Dans ces forêts, à côté des Fougères arborescentes, des Lépidodendrons et autres plantes au nom barbare, on trouve des Sélaginelles et des Lycopodes.
Il subsiste encore de nos jours quelques reliques de ces deux derniers groupes. Ce sont maintenant des plantes modestes (qqs décimètres au maxi.), basses, vivaces, souvent couchées. Elles ressemblent à des mousses, mais sont plus robustes.
LYCOPODIUM CLAVATUM - Lycopode en massue (étymologiquement lycopode = pied de loup)
On peut en rencontrer sur les landes basses et les forêts claires un peu partout dans le monde…
Aux Pyrénées, entre 1000 et 2800m, du Laurenti à l’Atlantique.
J’en ai trouvé à Bassiès, vers 1700m.
La tige principale rampante, atteint parfois 1 mètre, elle s’enracine par points.
Les feuilles rapprochées, vertes, dressées, sont terminées par une fine soie blanche.
En juillet/août, les épis sporangifères (les "massues") apparaissent. Souvent par deux, ils sont constitués d’écailles fertiles jaunes, et
portés par de longs pédoncules sans feuilles mais avec des écailles jaunes disséminées.
Une autre espèce encore plus discrète :
HUPERZIA SELAGO (LYCOPODIUM SELAGO) Lycopode sélagine
Il pousse dans les zones tempérées et froides sur les landes et les rocailles.
J’en ai trouvé en versant nord, près du col entre Neych et les Redounelles, à 2300m.
La tige est dressée, de 5 à 10 cm de haut, 2 à 3 fois fourchue. Les spores se développent à l’aisselle de certaines feuilles alternant avec des zones de feuilles stériles.
(Contrairement à l’espèce précédente, les feuilles ne portent pas de soie blanche et il n’y a pas d’épi).
Les Lycopodes, comme les Fougères, n’ont pas de graines et se reproduisent par des "spores" (fine poussière).
Ces spores sont produites par les feuilles, dans des sortes de boites : les "sporanges".
Une fois libérée de la plante mère, chaque spore germe en une toute petite plante éphémère (le "prothalle"), sorte de minuscule lamelle végétale simplement posée sur le sol, et sur laquelle apparaissent les organes reproducteurs mâles et femelles.
La fécondation se fait à travers les gouttes d’eau, d’où la nécessité d’un milieu relativement humide (pluie, rosée etc.).
Sur le "prothalle" se développe la nouvelle plante qui sera équipée de racines et produira la nouvelle tige.
Ce processus de reproduction est appelé « alternance des générations » : le même individu existe successivement sous deux formes totalement différentes !
Les spores de lycopode se présentent sous forme d’une poussière très fine et abondante appelée "poudre de lycopode". Elle était utilisée pour saupoudrer et sécher la peau pour prévenir les gerçures et les escarres. Elle était aussi utilisée par les pharmaciens pour rouler les pilules.
La poudre de lycopode, très inflammable, est connue sous le nom de "soufre végétal", elle a servi à produire des effets pyrotechniques sur les scènes de théâtre.
Merci aux spécialistes de corriger mes erreurs (et d’apporter leur pierre)
Pardon à tous si j’ai été un peu lourd !
Dernière modification par Dickou: 30 oct 2012 - 19:07
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