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Je ne vous avais pas tout dit)
Je n’ai pas encore un an et je suis enfermé depuis plusieurs mois avec une dizaine de mes congénères dans un enclos pour animaux abandonnés. Un homme accompagné d’une fillette s’approche de la grille et provoque la ruée curieuse de mes codétenus. Lorsqu’ils se dispersent enfin, j’ose m’approcher et prudemment, je renifle la main que me tend la fillette et la touche du bout de ma langue. Ce comportement timide et amical a scellé mon certificat de sortie…
Mon carnet de santé stipule que je suis de « race commune » ! Non mais y s’est pas vu le véto qui a marqué çà ! Il aurait pu dire Corniaud ou Bâtard, c’eut été moins désobligeant… Mon nouveau maître préfère dire que je suis le fruit de l’Amour et du Hasard.
Quand l’été arrive, l’homme et moi commençons à bien nous connaître, et une certaine confiance nous lie. Un soir, je le vois préparer un sac où il fourre des trucs intéressants si j’en juge par l’odeur : pâté, saucisson, pain, et une pomme dont je suis friand. Il y ajoute des tas de chiffons qui m’intéressent beaucoup moins.
Au milieu de la nuit, il me fait grimper dans sa voiture et nous roulons assez longtemps avant d’arriver à un "bout du monde". Sitôt descendu de l’auto, je suis submergé par une symphonie d’odeurs nouvelles et de sons qui échappent bien sûr à mon maître dont les sens sont beaucoup plus grossiers que les miens.
D’épaisses nappes de brouillard s’accrochent aux flancs boisés de la vallée et le sentier grimpe en courts lacets dans l’obscurité brumeuse de ce petit matin. A un détour du chemin, je m’immobilise en grognant sourdement. Par prudence, je viens me mettre contre le mollet de mon maître qui s’immobilise lui aussi. Il assure son bâton de noisetier dans sa main : devant nous, à une centaine de mètres dans l’ombre, une forme massive se détache du brouillard… Nous ne savons, ni l’un, ni l’autre quelle attitude prendre. Mon inquiétude me pousse à gronder plus fort, ce qui ne fait qu’accentuer celle de mon compagnon qui réalise que son bâton est bien trop léger…
Une longue minute passe avant que nous décidions de faire face en nous approchant prudemment. Un léger vent dissipe la brume et laisse apparaître… une vieille souche de hêtre colonisée par les fourmis ! Nous pouvons poursuivre notre chemin vers l’étang d’Alet, non sans avoir levé la patte sur la fourmilière. Je crois me souvenir que mon maître a fait de même… mais à sa manière !
J’allais oublier : je m’appelais Dickou, et j’ai accompagné mon froussard de maître pendant une douzaine d’années dans ses randonnées pyrénéennes !
Jusqu’au jour où…
(Il y a déja trois ans, mais depuis, les randos ne sont plus tout-à-fait les mêmes...)
Dernière modification par Dickou: 12 fév 2014 - 19:26
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