Voici ce qui figure sur notre site, ce texte, basé sur notre refus de l'EHGO (Entente Halieutique du grand Ouest)commence à vieillir mais il reprend sur le fond les parguements essentiels qui restent d'actualité :
citation :
"A propos de la réciprocité en général et de l'EHGO en particulier .
La question de l'opportunité de l'adhésion du département du Finistère à l'Entente Halieutique du Grand Ouest étant d'actualité, nous jugeons utile afin de contribuer au dé
bat, de faire connaître l'opinion de l'AAPPMA de l'ELORN sur ce sujet . C'est pouquoi nous décidons de rendre publique la lettre que nous avons adressée à l'ensemble des présidents d'AAPPMA du Finistère :
Monsieur Le Président, Monsieur l’administrateur,
Les récentes notes de réflexion transmises par la fédération des AAPPMA, sur l’intérêt d’adhérer ou non à l’EHGO, nous interrogent à plus d’un titre, en premier lieu parce que l’analyse porte, presque exclusivement sur le volet financier de l’opération.
En effet, « on » espère que l’adhésion à l’EHGO permettra de vendre plus de cartes de pêche et ainsi d’enrayer la baisse des effectifs, tout en souhaitant, semble t-il, ne pas être envahi par les pêcheurs venus des autres départements.
Cette adhésion ne constitue en aucun cas une démarche volontariste, elle n’a pour objectif premier, ni d’améliorer la gestion piscicole et halieutique, ni d’assurer une meilleure protection des milieux aquatiques. La préoccupation est bien essentiellement financière.
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Le projet n’est donc analysé que sous cet angle, alors que les implications de cette adhésion, pour le Finistère et la basse Bretagne (1ère catégorie), vont beaucoup plus loin en favorisant un mode d’organisation et de pratique de la pêche qui mériteraient une analyse approfondie, d’autant plus que cette tarification basse à grande échelle, ne constitue aucunement une garantie de développement du tourisme-pêche.
Sur la forme, tout d’abord. Quid de l’organisation et de l’organisateur de la collecte qui porte, même dans les hypothèses les plus pessimistes, sur une somme globale non négligeable(1).
Quels sont les statuts de l’organisme collecteur ? Qui en sont les responsables ?
Quelques explications sur la situation actuelle de l’EHGO nous auraient également éclairés : quelles sont les évolutions des effectifs dans les départements déjà adhérents ? Quelles évolutions dans les recettes, pour les AAPPMA et les fédérations ? Quelles évolutions dans les fréquentations des touristes-pêcheurs ? …
(1) 1 000 000 adhérents = 95 000 000 Francs !
Rien de tout cela. En clair, il nous est demandé d’adhérer à un « machin » dont personne ne nous a expliqué le mode de fonctionnement ni la réalité, là ou elle fonctionne, mais dont les partisans espèrent qu’il nous apportera de l’argent. C’est un peu court.
L’analyse de la fédération du Finistère semble admettre l’adhésion à l’EHGO, sur la base d’une compensation d’au moins 350 KF/an et si l’on suit bien le raisonnement, la somme collectée serait utilisée prioritairement à la fédération, organisme le « plus perdant ». Certes, ceci n’a rien de choquant, sauf que dans ce scénario, on ne sait pas combien percevra exactement, au final, chaque AAPPMA.
A priori pas grand chose, puisque dans l’hypothèse d’une non adhésion à l’EHGO, toujours selon la fédération, on avance une perte de 39700,00 francs pour l’ensemble des AAPPMA réciprocitaires !
Au final, eu égard à la modestie de la perte escomptée, n’est-il pas légitime de se demander si ce projet EHGO concerne bien les AAPPMA ? Par contre, il est indéniable, financièrement parlant, qu’il concerne la structure fédérale.
C’est sans doute pour cette raison que le scénario favorable à l’adhésion précise en toutes lettres : « le souhait est de dégager une somme permettant de financer des projets d’intérêt départemental (réciprocité, écoles de pêche, communicationpromotion, salons) ». En clair, autant d’actions à mener sous l’égide et la maîtrise d’ouvrage fédérale.
L’objectif, en adhérant à l’EHGO, est-il de renforcer la structure fédérale ou de vendre aux pêcheurs locaux et extérieurs, l’accès à des rivières poissonneuses, globalement bien gérées et bien entretenues ?
Sauf erreur de notre part, c’est cela que les pêcheurs viennent chercher en se rendant dans notre département.
Enfin, s’agit-il de donner aux gestionnaires de terrain (les AAPPMA), sans lesquels la pêche associative n’existerait pas, les moyens de gérer correctement leur territoire, conformément à leurs obligations statutaires, ou de permettre à un nombre croissant de pêcheurs de prélever du poisson à bas prix ?
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Pour notre part, nous affirmons que l’adhésion à cette sorte de gigantesque amicale va fragiliser l’échelon de base de l’organisation de la pêche française, en favorisant les comportements irresponsables de nombreux pêcheurs et la déresponsabilisation des dirigeants d’AAPPMA.
Comment pourrait-il en être autrement et nous abordons là le fond du dossier, lorsque des élus fédéraux, régionaux et nationaux tendent, par la pratique d’un tarif bas et unique, de fondre dans un même ensemble, des AAPPMA gestionnaires de 1ère et de 2ème catégorie, en mettant en quelque sorte sur un pied d’égalité les AAPPMA de … 60 départements, dont les territoires vont du torrent de montagne, en passant par les rivières de plaines et les grands fleuves.
Cette démarche centralisatrice, présentée comme la panacée au plan national, n’a évidemment aucun équivalent en Europe et surtout pas dans les pays les plus avancés en matière de gestion piscicole, ni les plus performants dans le domaine du tourisme-pêche.
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Pour en revenir au terrain, quel dénominateur commun entre une AAPPMA qui gère un bassin versant, type armoricain, classé rivière à saumon, disposant de salariés, pratiquant une gestion patrimoniale, disposant de centaines de baux dûment enregistrés, propriétaire de plusieurs kilomètres de rives, avec une AAPPMA qui gère quelques kilomètres de rivières, partagés avec4 ou 5 autres associations de pêche, agréées ou non, qui se contente de déverser des « lessiveuses » de truites en manches courtes et ne possède pratiquement aucun bail écrit et vend donc un droit de pêche qu’elle ne possède pas ?
Ces extrêmes sont des réalités courantes dans notre pays et ceci n’empêche nullement des élus de la pêche, au plus haut niveau, de vendre de telles disparités au même tarif. On croit rêver !
Cette véritable entreprise de nivellement par le bas n’est, ni plus ni moins, qu’une injure à l’égard des dirigeants d’AAPPMA qui se dépensent sans compter pour essayer de gérer au mieux la pêche française, sur le terrain, dans le cadre de leurs obligations statutaires.
Faire croire à des milliers de pêcheurs que l’on pourra accéder, partout et au même prix, à des parcours sans intérêt, comme à des parcours de qualité, nous semble une curieuse conception de la pêche responsable.
Plus grave, cette politique du plus bas prix, appliquée sur un territoire plus grand que certains états européens, ne peut que déresponsabiliser le pêcheur moyen, qui pour un tel tarif conclura que la gestion et l’entretien d’un lot de pêche n’a aucune valeur et leconfortera dans l’idée que 1ère et 2ème catégorie : « tout ça, c’est la même chose ».
Enfin, au plan de la réglementation, de même pêcheur adhérent à l’EHGO, risque fort de conclure : « tarif unique, réglementation unique ! ».
En conclusion, la pêche au moindre prix, partout et sans contrainte ! Nous voici donc à l’opposé de la pêche responsable et éco-citoyenne.
Nous n’osons imaginer une seule seconde que c’est là, le programme de la fédération des AAPPMA du Finistère, ni le souhait de son président qui ne cesse de prôner la responsabilisation des pêcheurs et la pratique depuis 30 ans. Alors, pourquoi demeurer si discret sur un dossier aussi important pour l’avenir de la pêche dans notre région ? S’agit-il de ne pas froisser les susceptibilités des « élus » qui siègent à la tête des structures régionales et nationales ?
Si tel était le cas, devons nous comprendre que les intérêts et les lubies unionistes et centralisatrices, passent avant l’intérêt bien senti de ceux qui ont directement en charge la gestion des cours d’eau : les AAPPMA ?
Pour notre part, nous ne sommes pas par principe, opposés à la réciprocité entre AAPPMA, dès lors qu’elles gèrent des cours d’eau appartenant à une même zone biogéographique, ce qui est le cas dans le Finistère, ou plus exactement en basse Bretagne, que d’autre part elles pratiquent des politiques voisines et enfin, offrent des prestations identiques, ce qui est déjà beaucoup moins évident (1).
Chacun comprendra que ce qui constitue déjà un exercice difficile à l’échelle d’un département, devient impossible à l’échelle vertigineuse de 60 départements. Un territoire si vaste qu’il présente des zones aussi variées et différentes que les milieux atlantique, alpin, méditerranéen,continental.
La Bretagne quant à elle, notamment sa partie occidentale, constitue une entité très spécifique, du fait de sa quasi insularité et la présence de fleuves miniatures, dont chacun s’accorde à dire que leur gestion, tant au plan piscicole (réglementation saumon, par exemple) qu’au plan de la ressource en eau, doit s’appréhender à l’échelle du bassin versant.
Pourquoi ce qui est vrai et incontournable dans le domaine hydrobiologique et salmonicole, ne le serait plus, dès lors qu’il s’agit de gérer les pêcheurs ?
S’évertuer à promouvoir une politique de tarification nationale donne peut-être une impression de puissance aux unions régionales et nationale, mais c’est à notre avis l’exemple typique de la fausse bonne idée, qui n’apporte rien, bien au contraire, aux associations en charge de la gestion piscicole et de la protection des milieux aquatiques.
Plusieurs AAPPMA et même quelques fédérations, notamment dans le sud de la France, l’ont bien compris. Depuis quelques années en effet, se dessine un mouvement en faveur d’une gestion patrimoniale, remettant en cause le principe des ententes halieutiques, dont les promoteurs restent persuadés que le remède miracle, à la baisse des effectifs, passent par la mise en place de super réciprocités.
L’exemple du département de la Lozère est à cet égard très intéressant à méditer. Dans ce département, rappelons-le, le moins peuplé de France (moins de 80 000 habitants), les pêcheurs locaux et à leur tête les dirigeants fédéraux, lassés de voir défiler les hordes de viandards, venus de Nîmes, Montpellier ou Marseille, piller leurs splendides rivières à truites, au plus bas prix, ont décidé de quitter l’entente halieutique.
Depuis, une politique salmonicole de qualité a été mise en œuvre : création de nombreux parcours mouche, no-kill sur plusieurs de ces parcours, augmentation de la taille de capture … etc, jouantsur l’image naturelle des Cévennes, un des territoires le moins antropisé de France.
Cette politique courageuse n’a pas tardé à porter ses fruits, d’une part en terme de peuplement salmonicole, de fidélisation d’une clientèle de pêcheurs responsables, mais également de retombées financières pour la fédération.
(1)C’est ce qui a amené notre AAPPMA à quitter la réciprocité départementale.
Il nous semble que cet exemple, ainsi que le cas de l’Ardèche, mériteraient d’être étudiés de plus près, même s’ils ne peuvent être entièrement transposables au Finistère.
Quoi qu’il en soit, ceci démontre qu’il existe bien une clientèle pour une pêche de qualité, qui ne peut en aucun cas fonctionner sur la base d’un tarif « un et indivisible », autorisant, sans véritable contrôle, l’accès aux plus belles rivières de l’hexagone, au plus bas prix.
Ouvrir ainsi le territoire de pêche revient à prendre le risque d’attirer des pratiquants peu soucieux de gestion piscicole. Nous avons déjà suffisamment de difficultés à responsabiliser certains de nos pêcheurs locaux et itinérants, sans qu’il soit nécessaire d’en attirer de nouveaux du même acabit.
Dans notre département qui a fait le choix de la gestion patrimoniale, le PDPG a tout de même eu, entre autre mérite, de fixer l’ordre de grandeur du patrimoine salmonicole par bassin (1). Ce « gâteau » n’est pas pléthorique et extensible.
Pour que chacun y trouve son compte il y a nécessité, surtout si l’on souhaite attirer des pêcheurs supplémentaires, de promouvoir des pratiques qui permettent la remise à l’eau d’un maximum de poissons et non d’annoncer à des milliers de clients potentiels, sans la moindre précaution (2) : « venez chez nous, il y a plein de truites et de saumons et en plus c’est pas cher ! ». D’autant, il est bon de le rappeler, que les pêcheurs du sud de la France sont de redoutables « preneurs » de poissons.
Gérer un patrimoine d’une telle valeur et d’une telle fragilité nous donne des responsabilités.
Chaque pêcheur, local ou extérieur, doit également en être conscient.Vouloir attirer un nombre croissant de pratiquants, sans précaution et sur la base d’une politique de prix bas, nous semble pour le moins dangereux. Il ne serait pas sérieux de prendre un tel risque, même dans l’hypothèse ou l’adhésion à l’EHGO se traduirait par une augmentation substantielle des recettes.
Si en seconde catégorie(3) la réciprocité peut se concevoir à grande échelle, il en va autrement en première catégorie, qui plus est dans un département qui compte le plus grand nombre de rivières à saumons de France.
(1)Sur l’Elorn, de l’ordre de 10 à 20 truites par pêcheur et par an, sur la base de 1000 pratiquants.
(2)Eu égard en outre à l’état du gardiennage.
(3) L’Aulne canalisée représente le cours d’eau le plus intéressant pour la 2ème catégorie en Finistère. Pour y accéder, un pêcheur extérieur n’a aucunement besoin de prendre une vignette EHGO. Sauf erreur de notre part, il lui suffit d’avoir acquitter la taxe piscicole et d’être membre d’une AAPPMA réciprocitaire ou non.
Si par bonheur, l’Aulne devait retrouver un jour son aspect originel, se poserait la question de savoir quelle attitude adopter, sachant que cette rivière débarrée, eu égard à sa capacité d’accueil (truites et saumons), pourrait également accueillir des centaines de pêcheurs. Il y a d’ailleurs là un enjeu majeur pour le tourisme pêche en Finistère.
Il serait paradoxal que le monde de la pêche, qui par ailleurs mène un combat majeur et exemplaire depuis des décennies en faveur de la protection de l’eau et des rivières, donne à son tour dans la solution classique qui consiste, face à un problème, à rechercher des solutions privilégiant les gros systèmes, synonymes de concentration de pouvoir. On connaît aujourd’hui les méfaits sociaux, écologiques et économiques de ce modèle « toujours plus grand ».
Nous disons, pour notre part, « small is beautiful”. C’est à la base, sur le terrain et en premier lieu au niveau des AAPPMA, que les solutions doivent être mises en œuvre pour donner aux pêcheurs l’envie de pratiquer un loisir sain (gestion patrimoniale en rivière, parcours spécialisés en étangs, lacs …).
La pêche dans les rivières de 1ère catégorie n’est pas à brader. Tout pratiquant à quelque loisir que ce soit, accepte de payer, le pêcheur en premier lieu, dont un nombre croissant n’hésite pas à dépenser beaucoup d’argent en matériel et en voyages. Ceux-là même qui parfois affirmeront que le permis est trop cher, alors que les tarifs appliqués dans notre département ne représentent qu’un très faible pourcentage de leur budget annuel.
Heureusement, beaucoup comprennent également que la protection, la gestion, l’entretien des cours d’eau ont un coût. Il faut que tous les pêcheurs en soient conscients et acceptent de payer le juste prix s’ils désirent une pêche de qualité. En aucun cas, le juste prix ne peut être celui proposé, pour permettre l’accès, pour 95 Francs, à plus de la moitié du réseau hydrographique national.
Les propriétaires de plans d’eau à truites mais également à carpes (nous en connaissons en Dordogne notamment), n’hésitent pas à faire payer le prix fort et à imposer, sur des parcours souvent limités, une réglementation « no kill » et ne manquent pourtantpas de clients, bien au contraire.
Pour quelles raisons la pêche associative, sous prétexte qu’elle perd des pratiquants devrait, à l’inverse, mener une politique de prix bas, s’apparentant aux pratiques de la grande distribution ?
En conclusion, pour toutes les raisons évoquées précédemment, nous sommes convaincus que les AAPPMA de basse Bretagne n’ont rien à gagner à adhérer à l’EHGO, bien au contraire. Nous espérons que le dé
bat dans le Finistère ne se limitera pas uniquement à présenter les arguments « POUR », mais que ce dé
bat aura réellement lieu.
Le bureau de l’AAPPMA de l’Elorn "
fin de citation
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On a les poissons qu'on mérite...